Boby Lapointe est un personnage à part dans le paysage de la chanson française. Passionné d’aéronautique dans sa jeunesse, ses rêves sont fauchés par les tourments de la Seconde guerre mondiale. Durant cette période, poussé par un amour des mots et probablement aussi dans le but d’échapper à un quotidien oppressant, il se lance dans la composition musicale. Ces compositions comme l’entièreté de son œuvre témoignent de cette singularité si particulière qu’il dégageait.
C’est dans Aragon et Castille que l'on retrouve toute l’ingéniosité de Boby Lapointe quand il s’agit de renverser les codes de la langue.
Quand Boby Lapointe se lance, à l’âge de 29 ans, le succès n’est pas immédiatement au rendez-vous. La subtilité de ses textes le cantonne à un public d’initiés, et pour cause le style de ses compositions est jugé trop intellectuel. Pour ses critiques les paroles d’une chanson doivent d’une part faire bloc avec la mélodie, mais également être simple pour permettre à la fois une bonne compréhension et mémorisation des textes par le public. On comprend alors pourquoi Lapointe est perçu comme un marginal. Plutôt que l’élégante simplicité de ses paires il opte pour des formules renversantes qui font toujours mouche et qui dans sa course percute la mémoire de l’auditeur. Il est un auteur qui ne s’est pas contenté de se servir des paroles comme un vecteur de la mélodie, mais c’est lancé armé de sa passion dévorante des mots, dans une étude profonde et poétique de la langue.
C’est dans Aragon et Castille que l'on retrouve toute l’ingéniosité de Boby Lapointe quand il s’agit de renverser les codes de la langue. Ce titre qui ne peut laisser les amateurs d’Histoire indifférents tant il fourmille de calembours et d’allitérations, est construit sous la forme d’une très longue digression surréaliste.
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